WALDSEEMÜLLER, Martin
[AMÉRIQUE] Tabula Terre Nove
Strasbourg, Johann Schott, 1513
- Dimensions: 43 x 62.5 cm
- Condition: Restauration dans les angles et a la pliure centrale.
- Couleur: Coloris Original
- Technique: Gravure sur bois
Référence: 439-27
68 500,00 €
Disponibilité : 1 in stock
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Rarissime exemplaire en coloris original de la première carte exclusivement dédiée à l’Amérique.
Cette carte, aussi connue sous le nom de “Carte de l’Amiral” en référence à Christophe Colomb, est issue de l’édition de 1513 de la Geographiae de Ptolémée par Martin Waldseemüller. Il s’agit de l’une des plus anciennes carte que l’on puisse obtenir sur la région.
Renommer l’Amérique
En 1507, Martin Waldseemüller produit une large mappemonde en douze feuille sur laquelle il fit apparaitre pour la première fois le nom de America ainsi qu’un portrait d’Amerigo Vespucci. A ce moment, il y avait une incertitude sur qui de Christophe Colomb ou Amerigo Vespucci était le premier à avoir découvert le Nouveau Monde.
Réalisée en 1513, cette carte montre comment Waldseemüller tente de rectifier son erreur et attribuant à Colomb la paternité de la découverte. D’abord, il n’y a plus la mention America sur cette carte contrairement au planisphère, ensuite il écrit sur le continent Sud Américain l’explication suivante : « cette terre et les îles adjacentes ont été découvertes par Colomb le génois mandaté par le roi de Castille ». Dans son introduction Waldseemüller parle de “l’Amiral” comme sa source d’information pour la cartographie du Nouveau Monde. On suppose généralement qu’il fait référence à Christophe Colomb, et c’est pourquoi le terme “carte de l’Amiral” est souvent employé pour désigner cette carte.
Malgré sa tentative de corriger son erreur, elle s’était déjà ancrée dans le langage vernaculaire européen.
La géographie du continent Américain
Une vingtaine de lieux sont identifiés sur le littoral nord-américain, tirés principalement de sources portugaises, dont le portulan de Cantino (1502) et la carte du monde de Caveri c.1505. Parmi ces noms, un fleuve nommé Caninor, pourrait possiblement être le fleuve Saint-Laurent.
La plupart des îles des Antilles sont représentées, dont Isaballa (Cuba) nommée d’après la reine d’Espagne, Iamaiqua (Jamaïque), Spagnolla (Hispaniola), Ia. onzes mil virgines (les îles Vierges) ou Marigalana (Marie-Galante). Cuba possède le « crochet » au sud-ouest caractéristique des cartes de l’époque.
La représentation des côtes de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Nord reste entourée de mystère. En particulier, la péninsule au nord-ouest d’Isabella n’est pas déterminée avec satisfaction. Si la Floride semble la réponse évidente (et la plus communément admise), elle n’a été officiellement découverte qu’en 1513 par Ponce de León. Une autre hypothèse est qu’il s’agit de l’Asie : d’autres cartes de l’époque comme le planisphère de Ruysch fusionnent explicitement les côtes de l’Amérique du Nord au continent asiatique. Waldseemüller lui-même montre les continents comme séparés dans son planisphère de 1507, mais comme joints dans sa carte de 1516, sur laquelle l’Amérique du Nord est représentée comme Terra de Cuba Asie Partis (Terre de Cuba, partie de l’Asie), suivant la conviction de Colomb.
Sur la côte brésilienne, la mention Abbatia omnium Sanctorum (abbaye de tous les saints) reprend une erreur de transcription : A Bahia de Todos Santos est devenue La Badia de Todos Santos, c’est-à-dire qu’une baie a été transformée en abbaye. On trouve la même erreur dans le planisphère de Ruysch.
L’édition de 1513 de Ptolémée
L’édition Geographiae 1513 de Ptolémée, la plus importante selon Stevens, est considérée comme le premier atlas moderne (World encompassed n°56) : un véritable atlas moderne est pour la première fois juxtaposé à celui de Ptolémée, offrant une comparaison aisée entre cartes anciennes et nouvelles. Ainsi aux 27 cartes de Ptolémée sont ajoutées les 20 cartes de Martin Waldseemüller.
Contexte historique : René d’Anjou, Pair de France, roi de Naples, roi titulaire de Sicile et Jérusalem, mécène et bibliophile parlait l’italien, le grec et le latin. Passionné par l’Orient, il s’intéressait à l’alphabet arabe. Son petit-fils, le Duc René II de Lorraine, portait un grand intérêt pour les lettres, les arts et les sciences dont la géographie. Il créa à Saint-Dié-des-Vosges en compagnie de Vautrin Lud, une école ecclésiastique sous la protection du duché de Lorraine et du Vatican. Nicolas Lud, neveu de Vautrin et secrétaire du duc, hébergea l’imprimerie qui œuvra à la propagation des travaux scientifiques (géométrie, géographie, musique…). Vers 1507, il fit venir à Saint-Dié-des-Vosges Mathias Ringmann, un Alsacien professeur d’université qui avait publié à Strasbourg en 1505 le récit des voyages de Vespucci (De ora Antartica). Ils furent bientôt rejoints par Martin Waldseemüller, cartographe, dessinateur-géomètre formé à Fribourg et initié à l’imprimerie à Bâle par son oncle. Avec Jean Basin un latiniste, ces hommes formèrent le Gymnase vosgien. Ils éditèrent en 1507 la Cosmographiae introductio, un ouvrage comprenant une grande carte du monde et un petit globe en fuseaux. Le nom America y apparaît pour la première fois sur une carte et un globe.
Ils songèrent à une réédition de la Géographie de Ptolémée qui prendrait en compte les nouvelles découvertes, et ceci, à partir de manuscrits grecs. Waldsemüller se fit prêter par les Dominicains de Bâle un exemplaire provenant du cardinal de Raguse, Jean Stojkovic. Ringmann se rendit en Italie auprès de Jean-François Pic de la Mirandole, philosophe et humaniste italien, qui lui prêta un autre manuscrit de Ptolémée. René II de Lorraine procura à Waldseemüller des cartes nautiques récentes qui indiquaient les nouvelles découvertes. Malheureusement, en 1508, le duc meurt, entraînant la faillite de l’imprimerie. En 1511, Ringmann meurt lui aussi. Un “accord” avec les avocats strasbourgeois Jacob Aesler et Georg Übelin qui s’attribuèrent la paternité des travaux et tentèrent de supprimer les traces de leurs prédécesseurs, permit à Johann Schott d’imprimer la Géographie à Strasbourg en 1513. L’édition traduit cependant les préoccupations des membres du Gymnase vosgien.
Burden 3; Pastoureau, p.371 ; Phillips Atlases 359
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