Catalogue d'aquarelles de faïence de Desvres

Description

Bel album de dessins comprenant un grand calque (probablement destiné à un décor mural) et 572 dessins aquarellés sur 79 feuillets doubles, illustrant les modèles des manufactures de Desvres des Maisons Fourmaintraux-Hornoy, Fourmaintraux Frères, Jules Fourmaintraux, Francis Masse (successeur) et Vve Francis Masse.

Véritable catalogue de production, cet album présente une large gamme d’objets en faïence, déclinés dans divers styles décoratifs, notamment Louis XV et Empire. Certains dessins comportent des indications de prix en fonction des dimensions. Chaque modèle est soigneusement numéroté, témoignant de la rigueur et de l’organisation des ateliers.

Parmi les pièces remarquables, une feuille représentant un plat ovale de la manufacture Fourmaintraux (et Francis Masse successeur) est frappée du tampon “Haute Récompense, Exposition universelle, Paris 1889”, attestant du prestige de la maison. Des annotations manuscrites précisent que ce plat ovale, illustré avec un motif breton, est également disponible avec des scènes normandes et auvergnates. Les prix y sont indiqués en fonction du diamètre. On trouve également une planche portant un cachet à l’encre « Francis Masse successeur – Hors concours – Membre du jury, Arras 1904 » et présentant divers modèles, dont une assiette à asperges, un plateau à asperges, une bonbonnière en forme de cœur, une applique de style Louis XV et un flambeau.

Objets artistiques de faïence proposés par la Maison Fourmaintraux et ses successeurs :

Plats ronds ou ovales, bannettes rondes ou ovales, vases (styles Louis XV, Empire), coupes, bougeoirs, porte-cigares, porte-allumettes, cloches à fromages, assiettes, plateaux, jardinières, porte-fleurs, thermomètres, plateaux à anses, crémiers, aiguières, porte-bagues, salières (différents sujets), appliques, porte-photographies, cendriers, cache-pots, huiliers, tasses (à café, à thé), pots, gourdes, margoulettes, bouts de table, décors de table , meubles, pendulettes, grands flambeaux, pots à tabac, bonbonnières (livre-bonbonnière, chaise-bonbonnière, table-bonbonnière), appliques, sonnettes, sonnettes sujets, bougeoirs, paniers, moutardiers, services à thé, porte-oignons, milieu de table, porte-bijoux, pendules, assiettes et plateaux à asperges, coffret, chemin de table,  pichets, cartel, tabatière, boîte à sel, porte-coquetiers, vasque, encriers, socle porte-statuette, petit bénitier, chocolatière, porte-fruits, assiettes à escargots, plateau à liqueurs, presse-papier, boîte à sardines, bouteille, gargoulette, dessous de plat, soupière, saladiers, melonnière, beurriers, tabatières, sujets de décoration divers, chocolatière, porte-couteaux, cadres, porte-menu, coquetiers, marmite, bols, porte-oignons, coupe à fruits, porte-cartes, éteignoirs

Qq ff doubles parfois séparées, qq trous parfois sans atteinte aux dessins, une feuille avec un manque (dessin découpé) [la planche est datée juin 1920], mouillures à une pl (principalement en bordure).

L’héritage des Fourmaintraux : une dynastie au cœur de la faïence de Desvres

Issu d’une lignée de faïenciers, François-Joseph Fourmaintraux, peintre-tourneur dans la première faïencerie de la Grand-Place de Desvres (vers 1765), fonde en 1804 sa propre manufacture sur cette même place. Il initie ainsi une dynastie qui marquera durablement l’industrie céramique desvroise au XIXᵉ siècle. À sa mort, ses quatre enfants créent la première Société Fourmaintraux Frères, dissoute en 1844. La fabrique est alors reprise par son fils aîné, Louis-François Fourmaintraux (1802-1885), sous le nom de Fourmaintraux-Hornoy.

La troisième génération, représentée par Jules, Émile et Charles-François, poursuit l’essor familial. En 1863, Charles-François Fourmaintraux-Courquin (1838-1909) fonde sa propre fabrique de carreaux avant de se tourner, avec son épouse Célina Courquin, vers les faïences artistiques. Il reproduit avec succès des modèles anciens issus des grands centres historiques de Rouen, Delft, Nevers et Moustiers, contribuant à la renommée de Desvres. Récompensée lors d’expositions commerciales, sa faïencerie participe au rayonnement de l’ensemble des manufactures locales. Dès la fin du XIXᵉ siècle, le label “Desvres” devient un gage de qualité, et la production atteint son apogée entre 1878 et 1886.

En 1879, ses frères Jules et Émile fondent la deuxième Société Fourmaintraux Frères, qu’ils dissoudront en 1887 pour poursuivre leurs activités séparément. En 1903, Jules Fourmaintraux cède sa faïencerie à Francis Masse, qui modernise l’outil de production avant de disparaître prématurément à 48 ans. Sa veuve reprend alors l’entreprise avec ses deux fils, diversifiant les collections et lançant une série de porcelaines inspirées des styles de Sèvres, Chantilly et Capodimonte (elle obtient une médaille d’or lors de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques en 1937 à Paris). En 1942 l’entreprise se réorganise et adopte le nom de faïencerie Masse Frères.

Parallèlement, la dynastie des Fourmaintraux se perpétue, avec Gabriel (4^e génération), Claude (5^e génération) et Olivier (6^e génération). Au début des années 1990, une nouvelle page s’écrit avec la fusion de Masse Frères et des établissements G. Fourmaintraux, donnant naissance à la faïencerie Masse-Fourmaintraux, ultime héritière d’une tradition séculaire.

(Biblio : https://www.musee-ceramique-desvres.com/wp-content/uploads/2016/06/Histoire-des-faienceries-locales-1.pdf)