GUÉROULT DU PAS, Pierre-Jacob

[Important ensemble de dessin botanique]

1737-1740

  • Dimensions: 39 x 26 cm
  • Condition: Très bon
  • Technique: Encre sur papier

Référence: 291

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Description

402 feuilles.
Signature : « Gueroult du Pas ad vivum delinavit ».

Nombreuses inscriptions au recto et verso de chaque feuille dont les noms en latin et français de chaque espèce représentée.Mise en couleurs postérieure sur certaines feuilles.

Présence de mouillures et travail de rongeur sur quelques feuillets.

Bibliographie : Inédit.

Généralement reconnu pour son œuvre captivant consacré principalement à la marine, Pierre-Jacob Guéroult du Pas a également traité d’autres sujets comme en témoigne cet exceptionnel ensemble de dessins représentant diverses plantes. D’une envergure notable et d’une profonde originalité, ce fond, composé de 402 feuilles, vient enrichir de manière significative le corpus de l’artiste et l’inscrire dans un champ nouveau, celui de l’illustration botanique.

Ces représentations végétales, réalisées « Ad vivum », sont non seulement des œuvres graphiques mais également des documents scientifiques[1]. Tous les dessins sont annotés et parfois même corrigés, découpés ou complétés par d’habiles collages. Comme le souligne Madeleine Pinault Sorensen, ce type d’œuvre n’est « pas un simple travail de copiste de la réalité, mais (…) une démarche analytique qui est tout aussi nécessaire que le texte du botaniste pour arriver à une description complète de la plante »[2]. Pierre-Jacob Guéroult du Pas utilise plusieurs nomenclatures botaniques[3], dont celle de Gaspard Bauhin ou encore de Joseph Pitton de Tournefort, pour désigner avec précision les sujets de ses œuvres. Le recours à l’Hortus Cliffortianus incite par ailleurs à proposer une datation resserrée de cet ensemble graphique, entre 1737, année de publication de l’ouvrage de Linné[4], et 1740, date supposée du décès de l’artiste.

Pierre-Jacob Guéroult du Pas a opté pour un travail en lavis de gris afin de représenter les différents spécimens qu’il a dessiné. Par ailleurs, il agrémente certaines de ses compositions de divers animaux et s’inscrit ainsi dans une esthétique rappelant celle adoptée par Maria Sibylla Merian. Il est notamment possible d’apercevoir un oiseau perché sur une Phalaris major semine albo ou encore des escargots sur une Chicorée cultivée. Des papillons, une sauterelle et divers autres insectes viennent aussi peupler les feuilles dessinées par l’artiste.            

Un manuscrit conservé au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris permet d’en apprendre davantage sur le rapport que Pierre-Jacob Guéroult du Pas entretient avec l’illustration botanique[5]. Provenant de la bibliothèque d’Antoine de Jussieu, cette pièce d’archive est une « Liste des plantes dessinées de grandeur naturelle par P.-J. Guéroult du Pas, ancien ingénieur à Alençon. 1740 ». Le document précise que celui-ci a dessiné à la plume pour chacune de ses compositions « une plante démontrée par les différentes attitudes des figures détachées, par des coupes et développements géométraux ». L’artiste souhaite faire interpréter et diffuser ses représentations botaniques en gravures. Son travail sera « aussi utile qu’agréable » au public et servira également de modèle aux peintres et dessinateurs d’ornements de fleurs et de fruits. L’ensemble dessiné par Guéroult n’ayant jamais été reproduit sur un autre support, celui-ci espère qu’à l’aide « d’habiles graveurs », d’un prestigieux protecteur et sous la direction scientifique de Jussieu, son projet pourra être finalisé sous forme d’un recueil et être largement diffusé afin de faire « honneur à la nation française chez les étrangers ». Cette pièce d’archive établit donc un certain lien de proximité entre l’artiste et le célèbre scientifique. Des recherches complémentaires restent à mener afin d’en préciser la nature. De même, le rôle joué par le botaniste dans la réalisation des 402 feuilles dessinées par Guéroult est une piste prometteuse à explorer. Entièrement inédit, cet imposant ensemble place désormais l’artiste dans la grande histoire de l’illustration botanique aux côtés de figures telles que Claude Aubriet, Jean Joubert, Madeleine Basseporte ou encore Maria Sibylla Merian.

Bibliographie indicative :
Louise Audelin, Les Jussieu, une dynastie de botanistes au XVIIIe siècle, 1680-1789, thèse de l’Ecole des Chartes, Paris, Ecole des Chartes, 1987, 2 vol., 584 p.
Wilfrid Blunt et William T. Stearn, The art of botanical illustration, Woodbridge, ACC art books, 2015, 367 p.
Gunnar Broberg, Carl von Linné, Stockholm, Institut suédois, 2008, 43 p.
Lorraine Daston et Peter Galison, Objectivité, Dijon, les Presses du réel, 2012, 581 p.
Benoît Dayrat, Les botanistes et la flore de France : trois siècles de découvertes, Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 2003, 690 p.Aline Hamonou-Mahieu, Claude Aubriet : artiste naturaliste des Lumières, Paris, CTHS, 2010, 217 p.
Claus Nissen, Die botanische Buchillustration, ihre Geschichte und Bibliographie, Stuttgart, Hierseman Verlags-Ges., 1951. 2 vol.
Anne Pavord, The naming of names : the search for order in the world of plants, Londres, Bloomsbury, 2005, 471 p.
Madeleine Pinault Sørensen, Le livre de botanique : XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2008, 255 p.
Sabine van Sprang (dir.), L’empire de flore : histoire et représentation des fleurs en Europe du XVIe au XIXe siècle, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1996, 367 p.
Mary Terrall, Catching nature in the act : Réaumur and the practice of natural history in the eighteenth century, Chicago, University of Chicago press, 2014, 275 p.
Christine Velut, La rose et l’orchidée : les usages sociaux et symboliques des fleurs à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Larousse, 1993, 293 p.
Nathalie Vuillemin, Les beautés de la nature à l’épreuve de l’analyse : programmes scientifiques et tentations esthétiques dans l’histoire naturelle du XVIIIe siècle (1744-1805), Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2009, 412 p.  

[1] Voir Nathalie Vuillemin, Les beautés de la nature à l’épreuve de l’analyse : programmes scientifiques et tentations esthétiques dans l’histoire naturelle du XVIIIe siècle (1744-1805), Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2009, 412 p.
[2] Madeleine Pinault Sørensen, Le livre de botanique : XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2008, p. 79.
[3] Sur ce sujet voir Anne Pavord, The naming of names : the search for order in the world of plants, Londres, Bloomsbury, 2005, 471 p.
[4] Gunnar Broberg, Carl von Linné, Stockholm, Institut suédois, 2008, 43 p.
[5] Anonyme, « Liste des plantes dessinées de grandeur naturelle par P.-J. Guéroult du Pas, ancien ingénieur à Alençon. 1740 », six feuillets, Paris, Museum National d’Histoire Naturelle, Ms 228.

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