WALDSEEMÜLLER, Martin
[TERRE SAINTE] Quarta Asiae Tabula
Strasbourg, Johann Schott, 1513
- Dimensions: 43 x 62.5 cm
- Condition: Très bon
- Couleur: Coloris Original
- Technique: Gravure sur bois
- Description de l'état: Restaurations marginales
Référence: 439-25
12 500,00 €
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Rarissime exemplaire en coloris original de l’édition de 1513 de la carte de la Terre Sainte de Waldseemuller.
La carte s’étend de la Turquie au nord a l’Arabie au Sud et est centrée sur la Terre sainte, la Syrie et l’actuelle Irak. La référence à trois Arabies sur cette carte sera popularisées par Ptolémée et réutilisé au cours des siècles suivants par les cartographes. L’Arabia Petrae (Arabie pierreuse), a été nommée d’après sa capitale, Petra. L’Arabia Deserta désigne l’intérieur désertique de la péninsule, et l’Arabia Felix (Arabie Heureuse) a été nommée pour sa relative verdure et son climat agricole favorable. Les limites de ces trois régions diffèrent souvent d’un cartographe à l’autre et à travers le temps, mais les noms restent cohérents.
Le nom des villes sont inscrits en latin. Il s’agit de l’une des plus anciennes carte que l’on puisse obtenir sur la région.
L’édition de 1513 de Ptolémée
L’édition Geographiae 1513 de Ptolémée, la plus importante selon Stevens, est considérée comme le premier atlas moderne (World encompassed n°56) : un véritable atlas moderne est pour la première fois juxtaposé à celui de Ptolémée, offrant une comparaison aisée entre cartes anciennes et nouvelles. Ainsi aux 27 cartes de Ptolémée sont ajoutées les 20 cartes de Martin Waldseemüller.
Contexte historique : René d’Anjou, Pair de France, roi de Naples, roi titulaire de Sicile et Jérusalem, mécène et bibliophile parlait l’italien, le grec et le latin. Passionné par l’Orient, il s’intéressait à l’alphabet arabe. Son petit-fils, le Duc René II de Lorraine, portait un grand intérêt pour les lettres, les arts et les sciences dont la géographie. Il créa à Saint-Dié-des-Vosges en compagnie de Vautrin Lud, une école ecclésiastique sous la protection du duché de Lorraine et du Vatican. Nicolas Lud, neveu de Vautrin et secrétaire du duc, hébergea l’imprimerie qui œuvra à la propagation des travaux scientifiques (géométrie, géographie, musique…). Vers 1507, il fit venir à Saint-Dié-des-Vosges Mathias Ringmann, un Alsacien professeur d’université qui avait publié à Strasbourg en 1505 le récit des voyages de Vespucci (De ora Antartica). Ils furent bientôt rejoints par Martin Waldseemüller, cartographe, dessinateur-géomètre formé à Fribourg et initié à l’imprimerie à Bâle par son oncle. Avec Jean Basin un latiniste, ces hommes formèrent le Gymnase vosgien. Ils éditèrent en 1507 la Cosmographiae introductio, un ouvrage comprenant une grande carte du monde et un petit globe en fuseaux.
Le nom America y apparaît pour la première fois sur une carte et un globe. Ils songèrent à une réédition de la Géographie de Ptolémée qui prendrait en compte les nouvelles découvertes, et ceci, à partir de manuscrits grecs. Waldsemüller se fit prêter par les Dominicains de Bâle un exemplaire provenant du cardinal de Raguse, Jean Stojkovic. Ringmann se rendit en Italie auprès de Jean-François Pic de la Mirandole, philosophe et humaniste italien, qui lui prêta un autre manuscrit de Ptolémée. René II de Lorraine procura à Waldseemüller des cartes nautiques récentes qui indiquaient les nouvelles découvertes. Malheureusement, en 1508, le duc meurt, entraînant la faillite de l’imprimerie. En 1511, Ringmann meurt lui aussi. Un “accord” avec les avocats strasbourgeois Jacob Aesler et Georg Übelin qui s’attribuèrent la paternité des travaux et tentèrent de supprimer les traces de leurs prédécesseurs, permit à Johann Schott d’imprimer la Géographie à Strasbourg en 1513. L’édition traduit cependant les préoccupations des membres du Gymnase vosgien.
Pastoureau, p.371 ; Phillips Atlases 359;