Carte de la Hongrie et des pays limitrophes par Guillaume de L’isle.
Carte de la Hongrie et des pays voisins par Guillaume Delisle. Elle illustre une partie de l’Allemagne, la Croatie, la Dalmatie et le golfe de Venise à l’ouest et s’étend à l’est jusqu’à la mer Noire et une partie de la Tartarie incluant Moscou et la péninsule de Crimée. Elle est limitée au nord par le Royaume de Pologne et au sud par l’Albanie, la Grèce et la Roumanie. Elle comprend ainsi une grande partie de l’Europe du sud-est dont la République tchèque, l’Autriche, la Hongrie, l’Ukraine, la Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Moldavie… Cette carte de Delisle intègre des informations scientifiques et montre avec précision les détails élaborés des villes, villages, montagnes, lacs, rivières, îles, golfes, ports… Le coin inférieur droit est orné d’un élégant cartouche de titre illustré.
La première édition de cette carte a été publiée par Delisle en 1703. Le présent exemplaire est une édition plus tardive de Philippe Buache, gendre de Delisle, qui a été publiée en 1780 par Jean Claude Dezauche, après qu’il eut acheté la collection de Delisle et Buache en 1780.
DELISLE, Guillaume / BUACHE, Philippe / DEZAUCHE
Guillaume Delisle, fils aîné de l’historien et géographe Claude Delisle dont il fut l’élève, est un géographe et cartographe français né et mort à Paris (1675-1726). En 1702, il entre à l’Académie des Sciences et étudie auprès de l’astronome Jean-Dominique Cassini. Devenu astronome associé en 1718, il enseigne la géographie au jeune Louis XV et est nommé cette même année Premier Géographe du Roi, titre qu’il fut le premier à recevoir, accompagné d’une pension. Afin de donner une cartographie la plus exacte et précise possible, Delisle réunit avec soin toutes les informations disponibles : cartes de ses prédécesseurs, données astronomiques obtenues à partir des observations de l’Académie des sciences, journaux de navigation et de voyages… Il les analyse, les compare, interprète, corrige les erreurs, met à jour les dernières découvertes… et enfin réalise ses cartes. Il est à l’origine de la cartographie moderne.
Philippe Buache (1700-1773), géographe français renommé, reçut une formation d’architecte avant d’être formé à la géographie par Guillaume Delisle. Dès 1721, celui-ci le fait nommer au Dépôt des Cartes et Plans de la Marine nouvellement créé par le roi Louis XV l’année précédente. Après la mort prématurée de son maître en 1726, Buache s’associe avec la veuve de ce dernier et épouse sa fille en 1729. Nommé premier géographe du roi la même année, il entre à l’Académie des sciences l’année suivante comme premier titulaire de la place de géographe créée pour lui par le roi. Philippe Buache forme un contraste complet avec son prédécesseur, mariant science thérorique et applications pratiques. Néanmoins, Buache a apporté une certaine contribution au progrès de la cartographie. Un des pionniers de la géographie physique divisant à la fois la terre et l’eau en chaînes de montagnes et en bassins, il expose en 1752 sa version la plus complète de la géographie physique du globe. Il est le premier à suggérer que l’Amérique et l’Asie avaient été autrefois réunies au niveau du détroit de Béring, et est l’un des premiers à tirer profit de la technique des courbes de niveau ou des isobathes dans sa carte de la Manche en 1737. Buache enseigna la géographie physique, historique, moderne, mathématique et astronomique aux fils du dauphin, parmi lesquels les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X à partir de 1755.
Jean-André Dezauche (1800- ?), succéda à son père Jean-Claude (actif 1770-1824), ingénieur-géographe, graveur, éditeur et marchand de cartes. Celui-ci rachète en 1780 le fond géographique de Guillaume Delisle et Philippe Buache, son oncle, premiers géographes du Roi et de l’Académie des sciences, auxquels il succède. Éditeur prolifique, il publie divers atlas reproduisant notamment les cartes de ces derniers. Dans certaines éditions ultérieures de ces cartes, il apporte des corrections et des ajouts aux cartes originales. Il obtient le monopole de la vente des cartes produites par le Dépôt de la Marine et est chargé à ce titre de “l’entrepôt général des cartes de la Marine”. Son fils Jean-André, qui lui succède, est chargé de 1824 à 1849 de l’entrepôt et de la vente des cartes dudit Dépôt.