DE JODE, Cornelis
Hemispheriu ab Aequinoctiali Linea, ad Circulu Poli Arctici / Hemispheriu ab Aequinoctiali Linea, ad Circulu Poli Atarctici.
c.1590
- Dimensions: 52 x 33 cm
- Couleur: NB
- Technique: Gravure sur cuivre
- Description de l'état: Quelques restaurations
Référence: CPV-OP2
58 000,00 €
Disponibilité : 1 en stock
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Très rare exemplaire de l’emblématique carte du monde de Jode sans texte au verso.
Cette carte est tellement emblématique qu’elle a été utilisée comme carte de couverture de l’ouvrage Mapping of the World de Rodney W. Shirley. C’est l’une des premières cartes à être présentées dans une projection en double hémisphère polaire.
Sources
L’une des caractéristiques notables de cette carte est qu’elle intègre diverses influences géographiques. Elle présente une nette ressemblance avec la mappemonde de Guillaume Postel de 1581 et avec des gores anonymes datant d’environ 1587.
Les côtes septentrionales présentent des configurations uniques, le golfe de Merosro étant représenté en Amérique du Nord. En outre, elle montre l’emplacement du Ter. d Labrador (en référence à la région du Labrador), de Nova Zemla (Nova Zembla), et une connexion intrigante entre la partie orientale de l’Asie et l’une des grandes masses de l’Arctique. La carte place le Japon à quelques degrés de la côte ouest de l’Amérique, ce qui suggère un certain niveau de spéculation ou un manque de connaissances précises sur la région du Pacifique à cette époque.
Dans l’hémisphère sud, la carte met en évidence la vaste Terra Australis Incognita (Terre australe inconnue), une caractéristique courante des cartes de l’époque. Elle comprend la Terre de Feu et la Nouvelle-Guinée, ce qui témoigne de l’évolution des connaissances des cartographes à la fin du XVIe siècle. Cette région était encore largement inexplorée et la carte reflète la croyance dominante en l’existence d’un vaste continent méridional. Il convient de noter que la carte ne représente pas l’Australie comme une entité distincte, mais qu’elle inclut des parties de la masse continentale dans la plus grande Terra Australis Incognita.
La carte puise également ses connaissances géographiques dans les cartes italiennes de l’école Lafreri. De Jode aurait acquis ces cartes sources auprès d’agents de cartographes vénitiens et romains.
Le Speculum de Jode
L’histoire de la publication de la carte est complexe, ce qui ajoute à son importance historique. L’édition de 1593 du “Speculum” est la dernière publication de l’œuvre de Gerard et Cornelis de Jode.
Contemporain d’Abraham Ortelius (1527-1598), Gerard de Jode était son concurrent et il est très probable qu’Ortelius ait retardé la publication du Speculum de Jode, un atlas concurrent, afin de protéger son Theatrum Orbis Terrarum publié pour la première fois en 1570. Probablement prêt dès 1573, le Speculum n’a reçu la dernière approbation nécessaire – l’approbation royale – qu’en 1577. Malgré la réputation de longue date de de Jode, l’atlas ne se vendit pas très bien, la popularité commerciale du Theatrum d’Ortelius étant bien établie.
Pour tenter de rivaliser avec le succès du Theatrum d’Ortelius, Gerard de Jode entreprend une édition révisée et augmentée de son Speculum. À sa mort en 1591, sa femme et son fils Cornelis (1568-1600) continuent de diriger la maison d’édition. Cornelis reprit le travail inachevé, prépara dix nouvelles cartes, dont une mappemonde, des cartes de l’Amérique du Nord, de la Chine, de l’Australie et de l’Alaska, et réédita l’atlas de son père. Le Speculum Orbis Terrae a été publié en 1593 à Anvers par Arnold Coninx, avec deux nouvelles pages de titre gravées, un certain nombre de nouvelles cartes, ainsi que des cartes révisées et d’anciennes cartes.
À la mort de Cornelis en 1600, à l’âge de 32 ans, l’éditeur anversois Joan Baptista Vrients acquiert les plaques de cuivre du Speculum Orbis Terrarum et, peu après, celles du Theatrum Orbis Terrarum d’Ortelius. En possession des plaques des deux concurrents, Vrients, qui était à l’époque l’éditeur d’Ortelius, a donné la priorité au Theatrum, ayant très probablement acheté le stock de Jode pour empêcher une nouvelle édition du Speculum. Après la mort de Vrients en 1612, les planches du Theatrum et du Speculum passèrent entre les mains de Jan Moretus, une maison d’édition familiale.
États de la carte
Bien que très rare, cette carte peut être trouvée sur le marché comme étant extraite du Speculum, avec un texte au dos. Burden reconnaît l’existence d’une carte sans texte dans ses sources mais n’a pas pu en localiser une copie. Il note : “Il a été rapporté que des feuilles de cartes sans texte ont été publiées séparément avant l’édition de l’atlas de 1593”. Burden mentionne, toujours selon ses sources, une carte sans texte avec l’inscription Cornelius de Jode 1590 que l’on ne retrouve pas sur notre exemplaire qui est donc antérieur.
Burden 184