VISSCHER, Nicolaes I / VISSCHER, Nicolaes II
Atlas Minor Sive Geographia Compendios Qua Orbis Terrarum Per Paucas Attamen Novissimas Tabulas Ostentditur
Amsterdam, ex officina Visscher, 1685
- Dimensions: 53 x 34 cm
Vendu
Rupture de stock
Description
Deux volumes, grand in-folio (53 x 34 cm). Veau fauve de l’époque, dos à 9 compartiments séparés par huit nerfs, pièce de titre en maroquin rouge et étiquette de numérotation des volumes en maroquin vert, bordures dorées en encadrement des plats avec un motif d’aigle bicéphale doré dans les angles, large motif central doré représentant Atlas portant une sphère armillaire. Etiquettes d’inventaire ou de vente du XIXe (ou du début du XXe) siècle collées sur les plats supérieurs. Certaines cartes légèrement brunies dans le tome 2. Quelques cartes dépliantes avec des cassures d’oxydation renforcées.
L’un des atlas les plus spectaculaires jamais produits.
Exceptionnel exemplaire de l’Atlas mineur de Nicolaes Visscher, comparable à celui du Paul Mellon-Yale Center for British Art, reconnu comme étant “l’atlas le plus spectaculairement enluminé que l’on connaisse”.
Relié en deux volumes, l’atlas est composé de deux frontispices allégoriques et de 226 cartes gravés à double page. Toutes les cartes sont entièrement coloriées à la main à l’époque, finement et somptueusement rehaussées à l’or. Le coloris et la dorure des cartes incarnent le meilleur du savoir-faire des coloristes de cartes de l’âge d’or néerlandais (appelés “meester afsetter” en néerlandais) et dépassent de loin ce que l’on trouve dans d’autres atlas néerlandais de cette période. La qualité du coloris et le nombre de cartes réunies dans cet Atlas minor surpassent de loin ce qui est apparu sur le marché depuis des décennies.
L’Atlas Minor de Visscher a été produit dans des configurations et des combinaisons de cartes très variés. Il n’existe que deux grands exemples connus de l’Atlas Minor produit par la société Visscher, avec plus de 225 cartes entièrement coloriées à la main et de nombreuses enluminures dorées. Le présent atlas est l’un d’entre eux : il comprend 226 cartes, l’autre, provenant de la collection Mellon et actuellement au Yale Center for British Art, en compte 227.
Le coloris du présent atlas et celui du Mellon Yale center est très similaire et a probablement été réalisé par le même atelier. La dorure des cartes de l’atlas Mellon est si impressionnante que Cornelis Koeman, le célèbre spécialiste néerlandais d’atlas, l’a décrit comme “l’atlas le plus spectaculairement enluminé connu”. Après avoir comparé le présent atlas avec l’exemplaire du Mellon, il est clair que les cartes de l’atlas ici présent sont davantage rehaussées d’or que celles de l’atlas de Mellon. Le coloris des deux atlas se distingue du travail du célèbre coloriste hollandais Dirk Jansz. van Santen par l’absence d’une bordure jaune et rouge autour des lignes nettes de toutes les cartes. En outre, dans certains cas, le coloriste des atlas de Visscher a préféré utiliser un éclairage plus doré que van Santen. Par exemple, en comparant la carte Novi Belgii du présent atlas à celle de l’Atlas Blaeu Van Der Hem de la Bibliothèque nationale d’Autriche (la plus grande œuvre attribuée à van Santen), on constate que la carte actuelle est plus dorée que celle de ce dernier. En effet, le coloriste du présent exemplaire a utilisé l’or pour rehausser somptueusement les lignes nettes, les bordures graduées, les cartouches, les titres, les costumes, les navires, les villes, les lignes tropicales et équatoriales, les lignes côtières et les principales frontières géographiques et politiques.
Hormis l’or, le coloris à la main est fantastique. La subtilité et le souci du détail dépassent de loin ceux de la grande classe des coloristes hollandais “standard” du XVIIe siècle ; les montagnes sont choisies individuellement et de façon variable dans une gamme de couleurs appropriées, les sommets roux, bruns et bleus s’inclinant dans des plaines vertes qui s’étendent bien au-delà des lignes tracées par le graveur. Les flèches et les créneaux représentant les villes sont tous soigneusement remplis d’un rouge profond, souvent fini à l’or. Le cartouche de la carte America Pars Meridionalis de Jansson, qui représente l’Amérique du Sud, est entouré de sept indigènes. Aucun des personnages n’est peint avec le même pigment que son voisin, chacun a une couleur de peau différente mais crédible. Il ne s’agit pas de la composition de la carte habituelle colorée à la main ; ici, le coloriste atténue le travail du graveur, le transformant en toile de fond d’aquarelles étonnamment lumineuses.
D’après la datation des cartes incluses dans l’atlas, la date de publication la plus probable est celle de la seconde moitié des années 1680. C’était une époque de luttes de pouvoir intra-européennes colossales, dont la plus pertinente pour ce livre était la formation de la Grande Alliance pour contrer la France en 1689. C’est probablement dans ce contexte de grande diplomatie que cet atlas a été réalisé. Quelques détails dans l’ouvrage permettent d’identifier les propriétaires initiaux du livre.
Tout d’abord, la reliure en veau doré de l’éditeur constitue un indice important. Les bordures intérieures dorées de toutes les couvertures ont été ornées de fers dorés supplémentaires représentant l’aigle impérial bicéphale couronné des Habsbourg. Ces emblèmes n’auraient été apposés que sur un atlas appartenant au Saint Empereur romain germanique, à un autre membre de la famille Habsbourg ou à une filiale royale du Saint Empire romain germanique. Il est plus probable qu’il s’agisse d’un cadeau ou d’un achat par quelqu’un comme le prince Eugène de Savoie, qui a acheté l’Atlas Blaeu-Van Der Hem à Amsterdam en 1730 et dont l’impressionnante collection de livres et d’atlas a été rachetée par l’État autrichien après sa mort en 1737.
Le livre doit également être compris dans le contexte du “rampjaar” néerlandais (ou année du désastre) de 1672, lorsqu’une grande partie de la République néerlandaise a été conquise par l’Angleterre, la France et un ensemble de principautés allemandes. Cet atlas constitue une étude intéressante de l’un des événements majeurs de 1672: l’inondation de la ligne d’eau défensive néerlandaise. Les cartes 14a-14c du deuxième volume présentent trois variantes de l’Ultraiectini Dominii Tabula de Visscher, chacune racontant l’histoire de la ligne d’eau et de son utilisation contre les Français. La première carte est un bel exemple de la carte dans un coloris à la main “standard”. La carte 14b utilise de somptueuses couleurs bleue et or pour raconter l’histoire des villes qui ont été prises par la France et celles qui sont restées sous le contrôle de l’État néerlandais à cette époque. La carte montre également la grande partie de la Hollande qui a été inondée pour stopper l’empiètement français vers Amsterdam. La carte 14c va encore plus loin en montrant les zones de la ligne d’eau qui ont été inondées et celles qui ont été drainées par les actions de l’État.
Provenance: A partir de 1881 au moins, le livre appartenait au médecin Marino Morandi de Padoue (Italie), auteur d’un livre en 1846 sur les plantes médicinales : Rhodigino Medicinae Lauream..… Sa famille pourrait être venue de Suisse à Padoue au XIXe siècle.
(description complète sur demande)
Références : Koeman III, page 172. AC