ROUVENAT
[Ensemble exceptionnel de douze ouvrages regroupant environ 3000 dessins de la maison Rouvenat] …
c. 1838 – 1894
- Condition: Très bon
- Couleur: Colorié à la main
- Technique: Encre sur papier
Référence: 268
Vendu
Out of stock
Description
L’ensemble se compose des douze pièces suivantes : CHRISTOFLE-ROUVENAT
1/ Un livre fort in folio oblong (dim. 41 x 28 cm), dos toile verte, plats cartonnés noirs, étiquette de titre sur le premier plat “Bijouterie Christofle & Rouvenat Christofle”. 410 dessins au crayon ou à la plume, la plupart en noir & blanc, certains en couleurs, sur papier type canson ou papier calque, contrecollés sur papier gris type canson, ainsi que emblèmes ou ex-libris gravés (pouvant servir de modèles) (une page déchirée) : ex-libris gravé avec tampon du Consul de la République de la Nouvelle Grenade (Mexique), ex-libris gravé aux armes de l’Empire du Brésil, Ex-libris gravé aux armes de Thirion, Tampon du Conseil Général de la Bolivie, dessin de l’emblème de la République d’Haïti, gravures de pièces de l’Empereur du Brésil, le dessin croquis à la plume daté 1833, de l’épée du général Francisco de Paula Santander, Président de la Colombie (en double page), dessin du pommeau d’épée et de la ceinture du Président de Colombie, nombreuses couronnes, coupes eucharistiques (2) PAX 1835, 3 dessins de bijoux avec le cachet de la Maison Christofle, dont une planche signé J. Cham et datée 1837. ROUVENAT
2/ volume titré “Broches” avec 76 gouaches couleur ; bracelets, broches, boucles d’oreilles.
3/ volume titre “Broches” avec 52 calques et 72 gouaches couleur : broches, parures.
4/ volume titré “Parures” avec 25 calques et 156 gouaches couleur : broches, boucles d’oreilles.
5/ volume titré “Divers” avec 67 gouaches couleur : parures, diadèmes, broches, bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs, colliers avec aussi 27 calques collés et entièrement déreliés. Ces quatre livres sont d’un format in 8 oblong (dim. 30,5 x 20 cm), en cartonnage percaline noire avec titres dorés sur le premier plat “Joaillerie L. R.”, étiquette “Joaillerie LR 62 rue de Hauteville” au coin du contreplat, avec des gouaches couleur sur papier calque orange contrecollé sur du papier canson.
6/ Un livre format petit in folio (dim. 29,5 x 33 cm), dos toile grise, plats cartonnés gris, titré “Dessins de Joaillerie 1867, 68, 69” en lettres manuscrites sur le premier plat, avec 152 gouaches couleur sur papier calque contrecollé sur papier canson : broches, couronnes, colliers, bracelets, boucles d’oreilles, etc.
7/ Un livre format petit in folio (dim. 29,5 x 33 cm), dos toile grise, plats cartonnés gris, titré “Joaillerie 1869-70” en lettres manuscrites sur le premier plat, avec 195 gouaches couleur sur papier calque contrecollé sur papier canson : colliers, parures, diadèmes, bracelets, broches, boucles d’oreilles.
8/ Un livre format in 4 oblong (dim. 27,5 x 21 cm), en cartonnage percaline marron, avec 48 pages de modèles de tabatières Napoléon III, certaines dessinées, d’autres en copie.
9/ Un livre format in folio oblong (dim. 48 x 29 cm), demi-cuir brun plats cartonnés, titrés “dessin” sur le dos, avec 475 croquis au crayon sur papier de soie blanc ou crème : dessin de la façade du Casino de Vichy, nombreuses initiales, emblème de Paris non achevé, bouquets de fleurs, etc.
10/ Un livre pleine percaline noire, grand in-4º (dim. 26,5 x 32,5 cm), titres sur le 1er plat “1er Juillet 1862 “Dessins mis au net”,155 dessins noir & blanc et couleurs sur papier type canson, nombreux dessins portent la date de livraison et la description en écriture manuscrite : Chaines allemandes livrées le 12/10/1863 et le 31/10/1863, chaines paillassons livrées le 12/10/1863 et le 31/10/1863, collier livré le 6/02/1864, chaines paillassons livrées le 25/02/1864, le 10/04/1864, diadème livré le 10/01/1864, collier bracelet et boucles d’oreilles livrées le 15/05/1864, collier et bracelet livrés le 21/06/1864, broche et bracelet couleur livrés le 21/06/1854, chaine gourmette livrée le 22/7/1864, chaine allemande livrée le 12/08/1864, broche oiseau livrée le 31/08/1864, broche libellule couleur, broche raisin noir et blanc, broche papillon, pendentif croix, chaine et chaine paillasson livrées en novembre 1865, boucle de ceinture livrée en décembre 1865, broche médaille avec éléphant livrée en décembre 1865, etc.
11/ Un livre format in4 (dim. 30,5 x 24,5 cm), dos toile verte, plats cartonnés gris, titré “Dessins 1868”, avec 701 dessins répartis sur 102 pages de papier vélin satiné. ROUVENAT-DESPRES
12/ Un livre format in folio (dim. 35 x 33 cm), reliure plats cartonnés marrons, avec 312 dessins à la plume ou au crayon, en noir & blanc ou gouachés couleur, sur papier calque contrecollé sur papier canson. En partie datés, avec le tampon “Rouvenat & F. Després” ; le plus récent daté de 1894. Il contient notamment : Pendentif aux initiales SGM daté novembre 1888 ; Pendentif aux initiales MD daté novembre 1888 ; Pendentif G de B daté novembre 1888 ; Pendentif M. E. novembre 1888 ;Pendentif M. D. septembre 1888 ; bagues datées janvier 1889 ; Broche oiseau datée 1888 ; Broche papillon datée 1889 ; Autographe “recuerdo de tu madre” signé Georgina ; Bracelets rubis émeraude daté 1890 ; Couronne d’un baron belge aux initiales L.Z. ; Couronne d’un Comte aux initiales J. de P. ; Couronne d’un Marquis aux initiales C.T., etc.
Cet ensemble graphique, d’une ampleur prodigieuse, offre un témoignage exceptionnel sur l’histoire de la maison Rouvenat et plus largement sur l’art de la joaillerie française du XIXe siècle. Cette célèbre entreprise est intimement liée à son fondateur, Léon Rouvenat. Entré comme apprenti chez la maison Calmette en 1827, il se forme chez cet auguste bijoutier où il rencontre et sympathise notamment avec Charles Christofle. Ce dernier, dont le nom est aujourd’hui célèbre dans le monde entier, n’est autre que le beau-frère de Hugues Calmette avec qui il s’associe à partir de 1825. En 1830, Charles Christofle prend alors pleinement la succession de son maître et assure seul la direction de l’entreprise. Il s’associe par la suite avec Léon Rouvenat, qui a entretemps également épousé la nièce de Charles, en 1840. Les deux hommes font prospérer pendant plusieurs années la maison Christofle-Rouvenat avant de la scinder en deux entreprises par la suite, Charles Christofle se consacre alors uniquement aux pièces à argenter et Léon Rouvenat à la bijouterie et à la joaillerie. En 1855, la manufacture Rouvenat se présente de la sorte : « Fondée en 1812, par M. Calmette, notre maison doit sa réputation et son importance à la variété des modèles et à la bonne exécution de ses produits ; elle offre à l’acheteur, outre un grand choix de bijoux simples et riches, l’avantage d’une fabrication conduite manufacturièrement »[1].
Ouvertement tournée vers l’international, la maison Rouvenat profite du contexte géopolitique de cette période pour fournir les nombreux états qui accèdent alors à diverses formes d’indépendance. Elle a notamment réalisé des épées servant de régalia pour plusieurs dirigeants dont les présidents de la Nouvelle Grenade, de la Bolivie ou encore d’Haïti. Notre ensemble contient notamment plusieurs feuilles consacrées à l’épée du général Francisco de Paula Santander, président de la Colombie. Récompensé à de multiples reprises lors des expositions universelles, Léon Rouvenat est présenté comme un « industriel intelligent (qui) compte parmi sa clientèle une foule de grands dignitaires et de généraux de la Nouvelle-Grenade, de la Colombie, du Pérou, du Chili, d’Haïti, etc. Toute l’Amérique du Sud est inondée de ses riches produits. (..) M. Rouvenat est un joaillier universel et transatlantique ». Il a également travaillé pour Faustin 1er, empereur d’Haïti, Napoléon III et même Ismail Pacha, khédive d’Égypte et du Soudan.
Léon Rouvenat décède en 1874 mais sa maison lui survit. Félix Desprès, formé dans cette entreprise et travaillant pour celle-ci pendant plusieurs années, rachète alors la manufacture qui change donc de nom pour devenir la « Maison Rouvenat Félix Després et Cie Léon Rouvenat ». Synonyme du luxe et de l’élégance à la française, elle a traversé le XIXe siècle en l’émaillant de réalisations somptueuses et en étant un fantastique réservoir de forme. Par sa richesse, sa préciosité et son importance, ce vaste ensemble vient corroborer la déclaration faite par ce fabricant de premier ordre qui se prévalait lui-même dans un de ses albums, édité en 1855, de « dessinateurs habiles employés dans la maison (qui) l’alimentent sans cesse de nouveaux modèles » [2]. Il témoigne en outre que « la joaillerie et la bijouterie occupent sans contredit un des premiers rangs dans l’industrie français »[3] du XIXe siècle.
[1] Léon Rouvenat, Album de joaillerie et de bijouterie de Léon Rouvenat, 1855, non paginé.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
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